vendredi 6 février 2015

Bonne journée

Un matin comme les autres.


J'accueille la petite Apolline[1] depuis ses trois mois. Elle en a maintenant dix-neuf. Désormais, ses parents et moi, nous connaissons bien. Il y a une grande confiance mutuelle entre nous. Les matins sont rodés. Ils prennent un temps pour dire au revoir ni trop court, ni trop long. Ils restent si Apolline en ressent le besoin et partagent toujours un peu de ce qui s'est passé la veille avec moi. Puis tout le monde se souhaite une bonne journée.


Aujourd'hui, c'est le papa qui la dépose. Il me tend les affaires puis s'occupe de sa fille. J'accroche le manteau à la patère et mets le sac dans le casier. Attendrie, je les regarde partager un moment de tendresse. Échanges de bisous, secrets murmurés. Le papa se lève. Il attrape la poignée de la porte et l'ouvre. Je tends les bras vers Apolline qui court si blottir.
                     " Bonne journée m..." Lança le papa comme d'habitude.
Aussitôt je le remercie avec un grand sourire :
                      " Merci, à vous aus..."
Pendant que mes traitres de mots sortent trop vite de ma bouche, je l'entends finir sa phrase :
                      " ... ma chérie."
Je me fige frappée par la honte et écarquille les yeux. Je bafouille :
                      " Non mais... Je... Non ce n'est pas... Je pensais que vous aviez fini... Je vous... Je croyais.... que vous nous parliez à toutes les deux... Je .... Je ne répondais pas au "ma chérie"... Non Non Non ! Bien sûr que non... Je..."
Je me noie magistralement dans mes explications. Lui, il est crispé, rouge et ne prononce pas un mot. Je me liquéfie doucement sur place. Pourquoi ne dit-il rien ? Qu'a-t-il compris ? Le temps semble s'être arrêté. Je rougis d'embarras.  Mais bon sang une réaction ! Allez ! N'importe quoi !
Là, il explose de rire. Il rit sans discontinuer, rougeoie de plus belle et tousse. Je ne sais pas comment réagir. Je suis encore abasourdie. Il finit par se calmer.
                     " Ne vous en faites pas, me déclare-t-il. J'avais compris. Il ne fallait pas vous mettre dans un état pareil. Bon alors bonne journée... À TOUTES LES DEUX. "
Il passe la porte. Cette dernière à peine refermée, je l'entends exploser de rire à nouveau.










[1] Les faits sont romancés. Les prénoms changés. Les personnes peuvent l'être aussi.








Sur cette petite anecdote, bonne journée à vous.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire