samedi 31 janvier 2015

Le rendez-vous

Vu que je commence à recevoir des messages pour savoir pourquoi certaines n'ont pas eu leur agrément, je tiens à préciser dès le début que j'invente une scène en fonction de plusieurs expériences.  En outre, il est raconté du point de vu de la future assistante maternelle qui peut se focaliser seulement sur les mauvais cotés plutôt que les bons à cause du stress.
Cette scène ne s'est pas réellement passer. Personne ne peut donc s'en servir pour dire qu'il méritait plus d'avoir l'agrément. C'est une fiction. 

La maison est nettoyée, même peut-être un peu trop. Le stress n'aidant pas j'ai nettoyé sans discontinuer. Les enfants sont propres, mais pour combien de temps ? Déjà mon fils fait tomber sa cuillère de compote sur son pantalon. Ma dernière prend son feutre dans le mauvais sens et se gribouille le pull. Je lève les yeux au ciel, trop fatiguée pour réagir. J'ai passé une nuit blanche. Les lectures que j'ai faites jusque là tournent dans ma tête et m'empêche de mettre mon esprit "off". J'en suis à mon quatrième café. Cependant je me dis que ce n'est pas forcément une bonne idée toute cette caféine.

La sonnerie. J'ouvre. Elle doit avoir l'âge de ma mère. Son visage est insondable. Je sens mon coeur chuter brusquement dans mon estomac. Je souris, les commissures de mes lèvres tremblotantes, et l'invite à entrer (oui quand même ^^). Les enfants arrivent en hurlant et en courant. Ça commence bien ! Néanmoins ils disent bonjour sans que j'ai à leur demander. AAAAAAHHHHH! ... soulagement! Un poids s'envole de ma poitrine. J'entends presque le chant des oiseaux siffloter dans ma tête. Des muffins pour le gouter leur ferait surement plaisir.
Nous nous installons à la table de la salle à manger. J'ai préalablement sortie le tunnel de motricité, et les tapis. Les caisses de jouets sont à dispositions. Il y a des feuilles et des feutres à notre table. Tout est prévu pour les occuper pendant que nous conversons. Tout oui, sauf le comportement imprévisible des enfants. Mon fils bondit sur le canapé et se met à sauter en hurlant. Les muffins pour le gouter je vais peut-être y réfléchir finalement. Je grimace. Je sens les yeux de l'assistante sociale sur moi. Je lui lance un sourire crispé. Je vais près de mon fils et lui dit :
                     "On ne saute pas sur le canapé. Tu le sais. C'est interdit. Regarde il y a des tapis de gym et un tunnel. Là tu peux sauter et rouler dessus. Par contre ne cri pas, je dois parler avec la dame. Je ne veux pas avoir à la redire sinon tu viens t'assoir à coté de moi quelques minutes pour te calmer."
Je me réinstalle à table. L'assistante social est impassible. J'avale ma salive, non sans difficulté. L'entretien commence. Elle me redemande toutes les informations déjà notées dans le dossier de demande d'agrément. Sait-on jamais si je m'étais trompé. Puis commence LE questionnaire. Bizarrement il part sur le ton de la conversation. Je me détends. Je ne bloque sur aucune question. L'assistante sociale est même en train de sourire. C'est que ça doit être bien. Mais est-elle satisfaite ou hilare de mes réponses ? Je n'arrive pas bien à définir son expression. 
Puis, là, LA question tombe:
                    "Quels sont vos défauts ?"
Oh bordel de merde flute, je ne l'avais pas vu venir ! Une blague sur une transformation de loup-garou me vient. Mais heureusement une voix me hurle un "nooooooon ! " avant l'irréparable. Je reste figée. Bordélique, désorganisée, tête en l'air,... voilà ce qui me vient. Cependant je ne suis pas sûre que ces défauts soient très judicieux à livrer. Je réfléchis. Je tourne les formulations par dizaine dans mon esprit. Mais je ne trouve pas comment présenter les choses. Les secondes s'égrainent, puis les minutes.
                   "Bien ce n'est pas grave, déclare-t-elle.
                  - Non, non, non, je vais trouver. Un petit instant." insisté-je.
Et bien non, rien de fantastique se passa. Elle me sourit. C'est bon j'avais ma réponse. Elle se moquait de moi tout à l'heure. Son sourire n'était pas bon signe. 
Elle se lève et me propose de visiter.

Elle me fait tout réorganiser tout ce que j'avais planifié. Pas deux enfants par chambre, alors qu'une assistante maternelle voisine a eu l'autorisation. Pas dans la chambre de mon fils. Je pense qu'il lui fait un effet du tonnerre depuis ce matin. Et moi qui pensait amoureusement leur faire des muffins ! 
Nous descendons dans la salle de jeux. Je ne sais pas quelle malédiction nous a touché; mais, au moment où elle s'appuie sur la rambarde, un bout se détache du mur. Je reste stupéfaite Je bredouille trois sons inaudible. Elle me sourit et me dit :
                   "Allons voir comment vous aviez agencé cette salle de jeux."
Je sors de ma torpeur et l'y conduit.
Elle aime beaucoup. Néanmoins, avec de l'escalier dangereux, elle m'interdit d'utiliser cette pièce. Euh, oui je m'en serais quelque peu douté. Nous allons devoir vraiment tout réorganisé. A ce moment, j'ai une pensée émue pour MariChéri qui va devoir déplacer tous les meubles... encore.

Sur le pas de la porte, au moment de partir, elle me signale :
                   "Tous les aménagements dont nous avons parlé. Faites les si vous recevez un avis favorable."
C'est bon. C'est foutu ! J'acquiesce avec un signe de tête. Au même instant je vois mon fils se jeter par terre et hurler :
                   "Elle s'en va quand la dame pas belle !"
S'il y avait un infime espoir, il vient de l'anéantir. Pendant que la dame pas belle l'assistante sociale nous tourne le dos, je me mets à genoux et le supplie d'arrêter. Je joins les mains et lui parle sans émettre de son. Désespérée, je m'imagine qu'à quatre ans il peut comprendre la supplication à genoux et qu'il sait même lire sur les lèvres. Je lève les yeux au ciel de ma soudaine sottise.
Elle se retourne. Je le prends dans mes bras.
                   "Tu es frustrée. Ok. J'ai compris..."
Et là maintenant je voudrais jrgoghdgdrgomdifgovmwdifhg !
                   "... Mais je ne suis pas d'accord avec ce comportement..."
Attention ma voix part un peu trop dans les aiguës. Il ne faudra pas paraitre trop sensible.
                   "Il y a d'autres moyens de dire que tu n'es pas content. Tu te calmes et on en parle ?"
Tu parles Charles ![1] Il va hurler de plus belle. Je le sens gros comme un building! 
                   " Ok, me répond-il
                 - Ah bon ! M'exclamé-je. Euh... Je veux dire oui. C'est bien ! La matinée a été longues pour toi. Tu as été très sage jusque là...
                    - Sauf quand j'ai sauté sur le canapé et hurler en courant."
Mais tais-toi merde mince à la fin ! 
                   " Et si tu venais faire un dessin en attendant que nous terminions."
Il s'exécute. Ooouuuuaaaaahhhhh ! Victoire !
L'assistante sociale me dit au revoir. Je ferme la porte et vient coller mon front dessus. Mais la porte s'ouvre de nouveau. Elle a apparement oublié de me dire quelques choses. J'essaye de garder bonne contenance malgré le coup sur la tête que je viens de recevoir.
                   " Je ne pense pas que vous aurez la formation d'ici cet été. Il y a beaucoup de monde sur la liste d'attente. Mais septembre surement. Prévoyez dès maintenant un moyen de garde pour vos enfants. Bonne journée."
Elle repart.

Pendant quelques minutes je scrute la porte bouche grande ouverte. Puis je saute les bras en l'air en lançant un "ouiiiiii" silencieux. Puis m'adressant aux enfants :
                   "Qui veut faire des muffins ?!"



[1] Expressions à la con que j'aime bien. Vous vous souvenez ?

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