dimanche 10 mai 2015

Mon métier

Je plaisante souvent sur mon métier. Je râle. Je me moque. Je ris sur les petits défauts des enfants, des miens, de ceux des collègues, des parents,...

Mon métier est régulièrement critiquée . Certaines de mon entourage pensent même que je vais en changer. Et puis quoi ? Si j'en change un jour qu'est-ce que cela peut bien faire ? Ce serait, quoi qu'il arrive, une expérience professionnelle enrichissante.
Donc si cela se produisait, il n'y aurait pas mort d'homme. Cela ne changerait pas la face du monde.

Quand j'étais petite puis adolescente, je rêvais de mon métier. Ecrivains, journaliste, reporter de guerre ( hahahaha j'en ris maintenant. Je pense que j'en aurais été incapable.)... Je rêvais d'espace, de liberté, de nature,... Je ne voulais ni d'intérieur, ni de bureau, ni de grosse équipe à gérer.
Alors je ne suis pas écrivain ( pas tout à fait... dans l'âme oui... à voir si un jour j'y arriverais), ni aventurière, cependant je pense que j'ai réussi à obtenir ce que je désirais. Je ne suis pas dans un bureau. Je ne travaille pas en équipe. Je me gère moi même sans stress, sans pression (enfin tout est relatif hein... Les parents employeurs savent parfois te mettre une bonne pression bien pourrie ).

Les matins et les soirs sont très speed je vous l'accorde. Ménage, rangement, préparer tout le monde,... C'est la course - comme pour n'importe quel parent. Mais dans la journée je suis le rythme des bébés. J'essaye de ne brusquer personne. Ni eux, ni moi. S'il faut déstabiliser quelqu'un, j'essaye bien sûr que ce soit moi. Néanmoins je suis d'avis que pour rester dans une écoute des autres, il faut d'abord que je sache m'écouter moi-même.

Les grands espaces je les ai. Ce matin nous avons pris la poussette et nous avons sillonné mon village de campagne. L'herbe était haute et verte. Le vent la faisait onduler en même temps qu'il faisait danser les arbres. Le ciel était bleu, tacheté par-ci par-là de coton blanc. Nous avons longé la rivière, Adèle courant devant la poussette et Célia gazouillant dedans. Pour traverser le cours d'eau il y a un pont. Nous nous sommes arrêté cinq pleines minutes pour regarder un couple de canard descendre jusqu'à nous et passer sous notre passerelle. Avant ils se sont arrêté près du bord pour plonger dans l'eau plusieurs fois et ressortir. Puis ils ont continué leur route. Adèle en a rit aux éclats mettant ses petites mains sur sa bouche puis les tapant l'une contre l'autre. Ensuite elle a prit ma main pour continuer et nous avons marché dans le village croissant chiens, poules, chevaux,...

À midi, elles ont mangé. Pendant la sieste j'ai rangé et nettoyé en regardant la télé puis en écoutant la musique.

Au réveil nous ne sommes pas sorties. Elles avaient besoin de calme et de liberté. J'ai déplié les tapis de jeux et allumé mon application pour mettre de la musique. Des musiques "de grand" en anglais et un peu en français. Calme pour se relaxer.
Adèle, grand bébé de 18 mois, est venue s'installer dans mes bras. Célia, âgée de quelques mois, a exploré son corps et l'espace autour d'elle. Vagabonds de mitserwives a commencé. Puis Skye boat song reprise pour la série Outlander. Puis les chants quasi divins de Peia ont continué. Adèle se levait parfois juste pour le plaisir de me tendre les bras, que j'ouvre les miens et qu'elle y plonge. Elle me serrait alors très fort pour ensuite caler la courbure de son dos dans celle de mes bras. 

Célia repartit avec sa maman. Adèle me redemanda la musique. Elle se jetta dans mes bras, me caressa la joua et me lança des "a t'aime tata". 

Oui parce qu'elle m'appelle tata. J'avais dit que jamais oh grand jamais les enfants que je garderais ne m'appèlerait tata... et puis il y a eu cette maman qui m'a dit un jour :
"J'appelais ma nounou tata. Nous avons gardé des liens forts. Je voudrais que ma fille vous appelle tata."
Je n'ai pas pu dire non. J'avoue... J'assume... Je fond littéralement quand ce petit bout me regarde avec des yeux pleins d'amour et m'appelle tata. Plus encore quand elle me dit "t'aime".

Nous sommes restée en mode câlin jusqu'à l'arrivée de la mamie trente minutes plus tard. Adèle hurlait "encore" dès qu'une musique s'arrêtait, râlant et se relaxant dès que la prochaine reprenait.


Voilà ce qu'est mon métier. Faire que tout le monde se sente bien. Marcher au grand air, faire des câlins, se coller des gommettes sur le nez, bouffer des gâteaux à en faire s'affoler la balance, rire, s'inquiéter, aimer, partager, protéger, ne pas trahir, ... vivre.

Je ne me suis jamais sentie autant à ma place professionnellement.

1 commentaire:

  1. Votre article est si doux ! Quel plaisir de lire ces jolis mots de la part d'une nounou. On sent votre amour des enfants et on a vraiment l'impression que vous vous épanouissez :)

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